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Personnalité

Buffon

Homme de sciences et de lettres
1707-1788
Georges Louis Leclerc, comte de Buffon
Bibliothèque nationale de France
Lorsqu’on est parvenu à rassembler des échantillons de tout ce qui peuple l’Univers [...] et qu’on jette pour la première fois les yeux sur ce magasin rempli de choses diverses nouvelles et étrangères, la première sensation qui en résulte, est un étonnement mêlé d’admiration, et la première réflexion qui suit, est un retour humiliant sur nous-mêmes.
Buffon, De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle, 1749

Né la même année que Linné, en 1707, Georges Louis Leclerc, comte de Buffon mène une carrière scientifique sanctionnée par son entrée à l'Académie des sciences dès 1733, tout en se distinguant toute sa vie par ses qualités d'administrateur et d'entrepreneur. Intendant du Jardin et des Cabinets d'histoire naturelle du roi de 1739 et jusqu'à sa mort en 1788, il favorise quelques uns des plus grands noms de la science de son époque, Jussieu, Fourcroys, Daubenton ou encore Lamarck. 

Surtout connu pour son Histoire naturelle, publiée en 36 volumes entre 1749 à 1804, Buffon s'y livre à une description de la nature tout entière, s'intéressant à l'histoire géologique aussi bien qu'à la diversité du règne animal. Ses descriptions sont aussi vivantes qu'inspirées. Convaincu de l'importance du microscope, il prône une science expérimentale et jette les bases d'un « esprit scientifique ». 

Son approche est aussi celle d’un philosophe. Réfléchissant sur la valeur de la connaissance humaine, il a pour but de découvrir les vraies lois de la nature et pense que l’homme peut y parvenir. Disciple de Locke, il croit en la raison humaine et au pouvoir de l’entendement. Dès le début de son Histoire naturelle, il critique l’oeuvre de Linné, estimant les êtres vivants trop complexes pour être classés selon un seul caractère, et remet en question le dogme de la fixité des espèces sur lequel le Suédois fonde sa classification. 

Buffon ne se contente pas de décrire les espèces, il note systématiquement pour chacune son environnement, son histoire, ses mœurs, constituant des familles ayant une unité biologique. Pour lui, ces familles sont issues d’une espèce unique qui se serait diversifiée avec le temps, sans cependant modifier les caractères biologiques essentiels. Ainsi pressent-il la théorie de l’évolution sans cependant adhérer à l’hypothèse du transformisme présentée par Maupertuis en 1751. Dans les Époques de la nature (1779), il propose aussi une nouvelle chronologie de l’histoire de la Terre, divisée en sept époques, ainsi qu’un âge de la planète (75 000 ans) ; il va même jusqu’à émettre des hypothèses sur l’apparition des premiers êtres vivants, leurs migrations avant la séparation des continents et leurs différenciations en fonction de leur environnement.

Buffon entend également faire oeuvre de vulgarisation et souhaite être lu par le plus grand nombre, aussi soigne-t-il son style. Il est d’ailleurs considéré par ses contemporains comme un grand écrivain et même un grand poète. Dans son Discours sur le style, écrit en 1753 pour son entrée à l'Académie française, il explique que bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir, et bien restituer, dans un style vif et animé, empreint de lyrisme.

L'Histoire naturelle, source de scandale lors de la parution des premiers volumes, remporte immédiatement un succès considérable, rivalisant avec L'Encyclopédie.

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